Choisir son praticien

Les ostéopathes animaliers sont généralement déclarés sous le régime de l’auto-entrepreneur, dans la catégorie des services à buts non commerciaux (BNC) en tant que profession libérale. Dans cette catégorie, ils n’ont pas à vous faire payer une quelconque TVA (article 293B du CGI), et doivent, comme tout professionnel déclaré, vous fournir une facture avec mention de leur numéro SIRET et de leurs coordonnées. Lorsque le professionnel ne rentre plus dans le cadre du statut de l'auto-entrepreneur, il est néanmoins redevable de la TVA.

 

Le prix d’une consultation en ostéopathie équine peut varier entre 50 € et 160 € hors déplacement, pour les autres animaux, tels que les chiens, cela peut varier entrer 30 € et 70 €. Il est évident qu’un praticien étant très demandé et ayant plusieurs années d’expérience vous demandera certainement le prix fort. Cependant, ce n’est pas non plus un gage de qualité, chaque praticien fixant son prix à sa convenance. Ainsi, les nouveaux praticiens sur le marché ont plutôt intérêt à ne pas mettre la barre trop haute en début de carrière afin d’inciter les clients à faire appel à eux. D'un point de vue personnel, je ne vois pas ce qui justifierait qu'un ostéopathe animalier prenne jusqu'à deux fois le tarif de consultation d'un ostéopathe humain, pour un service de qualité égale, alors que nous n'avons pas les charges d'un local à payer.

 

 

Le praticien doit également être en mesure de justifier de sa formation. S'il n'en parle pas ou reste vague sur le déroulement de celle-ci, méfiez-vous... Le site internet de l'ostéopathe étant sa "vitrine", il me parait étrange d'omettre cette information.

Concernant la formation du praticien, il est très difficile de se faire une opinion concrète à partir de cela. En effet, entre les personnes donnant un avis négatif parce qu’elles ont raté la formation, celles qui jugent sur le « papier ». et les avis positifs émis par les représentants de l’école (à grand renfort de faux profils) ou les élèves sortants (satisfaits ou mentant afin de ne pas se discréditer vis-à-vis des clients), difficile de faire le tri. D’autant plus que la plupart des écoles privées existantes ne sont pour le moment pas sanctionnées par un diplôme suffisant à lui-même pour exercer, et qu’il n’y a aucune réelle sélection pour les élèves en formation dans la majorité de ces dernières (l’admission dans une école étant facile à ce jour, à condition d’avoir les moyens financiers nécessaires, malgré ce que peuvent sous entendre celles-ci). Evidemment, avec la nouvelle législation réglementant la pratique de l'ostéopathie vétérinaire depuis 2017, on peut espérer qu'il y ait une véritable sélection et une homogénéisation de toutes les formations existantes.

 

A ce jour, il n'existe pas non plus en France "d'Ecole Supérieure en Ostéopathie Animale", même si certains prétendent être certifiés d'une école de ce titre. Actuellement, la seule distinction entre les formations est la possibilité ou non de délivrer le D.O.A (avec un référentiel ou un nombre d'années parfois différent, même si homogénéisation devrait être bientôt effective), il n'est pas question de "supériorité" d'une école ou d'une autre (elles se donnent elles-même ce titre).

 

Attention aux ostéopathes qui se proclament "D.O.A" : à ce jour les quatre seules écoles qui sont habilitées à délivrer le D.O.A (Diplôme d'Ostéopathe Animalier) ne pourront le faire que pour leurs élèves diplômés en 2016 (aucune loi n'étant rétroactive, toutes les autres personnes quelque soit leur formation devront passer une Validation des Acquis lorsqu'elles justifieront de trois ans d'expérience minimum), Par ailleurs, il existe un diplôme vétérinaire D.I.E (diplôme Inter-écoles) et un diplôme "D.O" pour les ostéopathes humains qui peuvent se spécialiser en animalier. Les titulaires du D.O.A ne sont cependant pas autorisé d'exercer tant qu'ils ne réussissent pas l'examen d'admission de l'Ordre des Vétérinaires (à compter du 01 Janvier 2020), et ce malgré qu'il soit inscrit au répertoire des métiers. 

 

Il existe également des personnes ayant eu une formation très courte (souvent en ostéopathie dite "tissulaire", "crânio-sacrée" ou utilisation d'autres termes comme "ostéopathie douce", "ostéopathie énergétique") de l'ordre de quelques jours qui se proclament ostéopathes. Ce n'est évidemment pas suffisant pour former un ostéopathe compétent, et ils peuvent être considérés comme des praticiens qui usurpent le titre (et pourront se faire attaquer pour pratique illégale de la médecine vétérinaire). 

Le bouche à oreille est à mon avis la façon la plus sûre de trouver un ostéopathe compétant. Attention aux faux témoignages ou comptes de praticiens qui vantent leurs propres mérites, cela arrive !

Le temps passé en consultation peut varier entre 30 minutes et 1h selon le cas. Attention aux praticiens qui passent entre cinq à dix minutes par animal et enchaînent un nombre important de clients sur la journée. Même si le praticien est expérimenté et reconnu dans le métier, l’ostéopathie nécessite du temps et il n’est pas question de bâcler le travail, la santé du patient pouvant dépendre de la manipulation. De même, une consultation trop longue peut finir par agacer certains animaux et donc nuire à son bon déroulement.

 

 Les séances doivent se dérouler dans la douceur avec la coopération de l’animal. Il n’est en aucun cas question de bloquer ou de forcer le mouvement afin de le manipuler. On vient pour lui apporter du bien-être, non du stress et de la douleur. De plus, il est rare d’avoir un animal complètement rétif une fois qu’il a compris notre objectif. Il me semble également important que la consultation se déroule dans son lieu de vie, et ce quelque soit l'espèce, même si cela engendre des frais supplémentaires pour le propriétaire. En effet, le transport crée un stress supplémentaire inutile. Voir les conditions dans lesquelles l'animal est hébergé peut être également révélateur de l'origine de certains déséquilibres.

 

J’ajouterai que la collaboration entre les différents acteurs dans la vie de l’animal (propriétaire, entraîneur, vétérinaire, maréchal-ferrant et dentiste) est très importante. L’ostéopathe doit pouvoir expliquer au propriétaire ce qu’il fait en toute transparence, et le réorienter vers le vétérinaire si le trouble n’est pas de son ressort. Un ostéopathe n'a d'ailleurs pas le droit, tout comme un technicien dentaire, d'avoir recourt à la sédation s'il n'est pas vétérinaire. Ensuite, l’ostéopathie est une méthode basée sur le mouvement (« la vie, c’est le mouvement » disait Still), un ostéopathe qui ne s’intéresse pas au mouvement de l’animal et le manipule directement, ne respecte pas un des principes fondamental de la discipline (sauf cas exceptionnel où il n’est pas possible de voir l’animal se déplacer), sans compter que c'est également un outil précieux à ne pas négliger.

 

Attention également aux praticiens qui manipulent, font craquer à tout bout de champ et déclarent l’animal apte à reprendre le travail juste après la séance, sans protocole de rééducation. Un "repos" (période sans travail) de 48H au pré ou lâché dans un paddock (ou en allant simplement le marcher en main) est généralement demandé afin que l'animal puisse réorganiser son schéma corporel en douceur et sans contraintes supplémentaires. Ensuite, un protocole de rééducation est mis en place avec le propriétaire pour une efficacité optimale de la séance. 

 

En ce qui concerne les visites de « suivi », elles ne doivent pas être systématiques, et sont souvent plus un argument commercial en faveur de l'ostéopathe qui le pratique qu'une réelle nécessité. D'autant plus qu'un ostéopathe qui vit de son métier n'a en principe pas le temps de revoir l'ensemble de sa clientèle vue le mois précédent juste pour "vérifier", hormis lorsque le cas le nécessite vraiment et sur demande du propriétaire.

 

La plupart des problèmes doivent pouvoir se régler en une séance. Certaines lésions (notamment anciennes) peuvent en nécessiter plusieurs,  dans ce cas, le praticien est tenu d'en avertir le propriétaire. Si suite à une séance l’amélioration n’a pas été nette ou qu'elle a fait ressortir des problèmes plus importants (en enlevant les compensations, la cause primaire silencieuse peut ressortir) il me parait évident que l’ostéopathe ne fasse pas de difficulté pour revenir voir l’animal. Par ailleurs, les modifications locomotrices, physiologiques ou comportementales suite aux manipulations ostéopathiques peuvent mettre parfois du temps à être visible (quelques jours à quelques semaines après), le corps ayant besoin d’un temps d’adaptation à son nouvel équilibre.

 

Pour la majorité des cas, sur un animal en bonne santé, l'ostéopathie peut être utilisée en première intention. Néanmoins, en cas d'apparition de certains troubles (fièvre, douleur, boiterie, impotence fonctionnelle), il est impératif de consulter d'abord votre vétérinaire traitant.